Vins Côtes-du-rhône Domaine La Chapelle - 1969

Avis Viniou

Le Domaine La Chapelle 1969, en appellation Côtes-du-Rhône, présente une belle incarnation des rouges traditionnels de cette région du sud de la France. Ce vin, issu très probablement d’un assemblage comportant majoritairement du Grenache, complété par la Syrah et, dans une moindre mesure, de Mourvèdre, offre à ce stade de sa longue évolution des arômes tertiaires prononcés. Le millésime 1969, désormais très mature, laisse place à des notes de sous-bois, de cuir, de prune cuite, de champignon, de truffe et de tabac, tandis que la structure en bouche se fait soyeuse et évanescente, même si un fondu raffiné des tanins subsiste. Au fil du temps, les épices douces et les parfums de fruits séchés révèlent toute la complexité d’un vin ancien, témoin d’une vinification traditionnelle à partir de raisins récoltés à parfaite maturité, puis élevés dans de grands contenants pour préserver leur finesse.

La Vallée du Rhône méridionale, berceau de cette cuvée, bénéficie d’un climat méditerranéen caractérisé par des hivers doux, des étés chauds, et l’influence notable du mistral qui assainit la vigne. Les sols mêlent sables, argiles, galets roulés et calcaires, conférant aux vins à la fois rondeur et fraîcheur. Les Côtes-du-Rhône AOC sont réputés pour leur accessibilité et leur diversité, mais les plus vieux millésimes, rares aujourd’hui, montrent la capacité de garde surprenante de certains domaines. Historique et dynamique, cette région viticole s’ancre dans une tradition pluriséculaire de vins robustes et racés, appréciés depuis l’Antiquité.

Pour sublimer un tel vin d’âge, privilégiez des plats en harmonie avec son profil évolué et sa délicatesse. Une volaille de Bresse aux morilles, un lièvre à la royale, un civet de lapin aux trompettes-de-la-mort ou quelques fromages affinés comme un vieux cantal ou un saint-nectaire seraient parfaits. Les mets à base de champignons et de truffe noire du Vaucluse font aussi merveille, rappelant les arômes atteints par ce vin.

Il est recommandé de le déguster légèrement rafraîchi entre 16 et 18°C, après un carafage précautionneux pour éliminer le dépôt, sans l’oxygéner exagérément afin de préserver ses derniers arômes fragiles. S’il a été conservé dans des conditions idéales, la dégustation de cette bouteille sera un moment rare, porté par la nostalgie et l’élégance du temps passé.